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Couverture médiatique, promotion et visibilité des femmes dans le football

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Couverture médiatique, promotion et visibilité des femmes dans le football

Comprendre

Place et évolution de la couverture médiatique et de la visibilité du football féminin

Le sport féminin a été largement sous-représenté dans le passé. Cela a été particulièrement le cas du football féminin, mais les choses changent progressivement. Depuis l’organisation des premiers événements internationaux, dont la première Coupe du monde féminine en 1991, le football féminin a connu une évolution positive en termes de nombre de joueuses et de visibilité presque médiatique.

Avec plus de 750 millions de téléspectateurs ayant regardé la Coupe du Monde Féminine de la FIFA au Canada en 2015, l’intérêt des médias pour ce sport a augmenté de 33% par rapport à l’édition 2011 en Allemagne. Cette croissance a également été constatée en 2019 avec 993,5 millions de téléspectateurs, soit 30 % de plus qu’en 2015.

Record d’audience pour les femmes

L’un des faits majeurs est notamment le record d’audience mensuel de juin 2015 sur la chaîne You&nie (28 millions de vues), un chiffre supérieur à celui de la Coupe du monde masculine de 014, soit 19 millions de vues en juin 2014.

  • 9 milliards de Tweets mentionnant la Coupe du Monde Féminine de la FIFA TM
  • 37% de followers en plus pour la FIFA (1,37 million de followers)
  • 881% de followers en plus pour le compte Twitter @FIFAWWC (jusqu’à 222 000 followers)
  • 130% de followers en plus pour la page Facebook de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA TM (jusqu’à 662 000 followers)
  • 178% de visiteurs quotidiens en plus sur FIFA.com pour les pages de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA TM, par rapport à 2011
  • 20 millions de visiteurs uniques FIFA.com pour les pages de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA TM, 225 millions de pages vues et 7,8 milliards d’euros de recettes.

[l] Chiffres clés pour « Canada 2015 », dans FIFA. com

L’un des faits marquants a été l’audience mensuelle record en juin 2015 sur la chaîne YouTube (28 millions de vues), un chiffre supérieur à celui de la Coupe du monde masculine 2014 (19 millions de vues en juin 2014).

Les chiffres de 2019 confirment cette augmentation de la visibilité et l’intérêt croissant du public pour la pratique féminine. Selon la FIFA,  » Sur la base d’une enquête réalisée par Nielsen pour le compte de la FIFA, on estime que 481,5 millions de personnes ont accédé à la couverture de la Coupe du monde de football féminin sur les plateformes numériques, soit 41,8 % de la portée totale de l’audience. Ce chiffre est en hausse par rapport aux 86 millions estimés en 2015 [2].

Coupe du monde de football féminin de la FIFA, France 2019TM, Rapport mondial de diffusion et d’audience, 2019.

Même si la visibilité des femmes reste faible par rapport à celle des hommes dans l’arène du football, il est clair qu’une certaine transformation du jeu a eu lieu. Sans négliger les autres dimensions qui contribuent au développement du football féminin, nous pouvons voir ici l’importance, mais aussi la nécessité de la communication dans la féminisation du football. La communication est un aspect important du développement du football féminin, tant pour faire connaître ce sport que pour susciter l’intérêt des joueuses potentielles et du public.

[2] Coupe du monde féminine de la FIFA, France 2019TM

Les acteurs ont plusieurs choix de médias. Malgré les possibilités d’audience offertes par les médias traditionnels tels que la télévision, la radio ou les journaux, il apparaît également qu’ils laissent peu de place aux footballeuses et, surtout, qu’ils se concentrent sur la pratique du haut niveau. Ils sont donc utiles et peuvent être utilisés par les joueuses dès qu’elles en ont l’occasion. Face à cet accès limité, les médias sociaux apparaissent aujourd’hui comme des supports
essentiels à la diffusion du sport féminin à tous les niveaux.

En effet, avec 4,5 milliards d’utilisateurs actifs des réseaux, soit près de 54% de la population mondiale [3], l’impact des médias sociaux et autres plateformes numériques n’est plus à démontrer. Si le digital est actuellement un levier important pour la communication sportive, il l’est encore plus pour le sport féminin en général et le football féminin en particulier.

Malgré cette augmentation de l’intérêt pour le football féminin, il existe encore de nombreuses disparités par rapport aux hommes et la couverture médiatique, le sponsoring, le marketing et la visibilité sont encore limités.

L’enquête E-WinS menée dans plusieurs pays européens permet de comprendre les enjeux et la position sur l’égalité des sexes, les opportunités offertes par les médias sociaux ainsi que les bonnes pratiques et les moyens d’améliorer la couverture médiatique, la promotion, le marketing et la visibilité du football féminin.

[3] « We are social and Hootsuite – Digital 2021 ».

Bonnes pratiques et propositions d’amélioration

ASSURER L’ÉGALITÉ DES SEXES DANS LA COUVERTURE MÉDIATIQUE DES CLUBS

Dans le cadre de l’enquête EWinS, il a été demandé aux personnes interrogées dans les 5 pays de noter de 1 à 5 dans quelle mesure elles estimaient que leur club actuel (ou un club comprenant des femmes et des hommes si leur club était exclusivement féminin) garantissait l’égalité entre les hommes et les femmes dans la couverture médiatique. Seuls 24% des répondants ont donné une note de « 5 » (« extrêmement égalitaire ») à cette question3, 2% ont donné une note de « 4 », 42% ont donné une note de « 3 », 17% ont donné une note de « 2 » et seulement 12% ont donné une note de « l » (« pas égalitaire du tout »).

De même, à la question de savoir dans quelle mesure les répondants estiment que le football féminin dans leur club actuel est favorisé par rapport au football masculin (ou dans un club regroupant à la fois des femmes et des hommes, si le leur est un club exclusivement féminin), 24% des répondants ont répondu « 3 ». Au total, 13% ont répondu « l » (« pas du tout égal »), 12% ont répondu « 2 », 22% ont répondu « 4 » et 20% ont répondu « 5 »/ »extrêmement égal ».

Dans les réponses, il existe quelques différences entre les pays qui peuvent être liées à leur contexte organisationnel ou politique. Cependant, en général, la garantie de l’égalité entre les hommes et les femmes est loin d’être reconnue.

Toutefois, les répondants ne se sont pas limités à des constats négatifs. Ils ont également exploré certaines bonnes pratiques ou des domaines dans lesquels la couverture médiatique pourrait être améliorée. La référence la plus dominante aux bonnes pratiques en matière de couverture médiatique et de promotion est dirigée vers les médias sociaux, qui ont été mentionnés 196 fois dans les six pays.

TIRER PARTI DE LA FORTE PRÉSENCE DES MÉDIAS SOCIAUX POUR ASSURER LA VISIBILITÉ ET LA DIFFUSION DU FOOTBALL FÉMININ

Dans notre enquête, nous constatons que les médias sociaux occupent une grande place. C’est l’une des bonnes pratiques mentionnées qui permet une grande diffusion ou visibilité. Le tableau de droite montre quelques exemples de bonnes pratiques dans chaque pays.

PaysEXEMPLES DE BONNES PRATIQUES EN MATIÈRE DE MÉDIAS
SOCIAUX
BulgarieLes résultats, les photos et les informations sur les matchs de l’équipe sont partagés.
AngleterreLes médias sociaux feront la promotion du Centre régional du talent et des
joueurs et leur rendront hommage. Nous utiliserons les joueurs comme modèles sur les dépliants de nos sessions communautaires… ».
FinlandeLes promotions du club mettent toujours en vedette des joueurs de l’équipe
masculine et de l’équipe féminine. Le site web en ligne fait de la publicité pour les deux
FrancePrésence d’un club média pour couvrir la formation au moins une fois par semaine, club média présents à tous nos matchs, les clubs médias se déplaçant avec l’équipe à l’entraînement,
PologneDes médias sociaux bien développés (informations actualisées, anecdotes, interviews, post-matchs).
Commentaires, annonce des entées, consultations de sélection
EspagneCAP Ciudad de Murcia diffuse les équipes de bain (hommes et femmes) sur Twitter

Si la télévision permet également la diffusion ou le résumé de matchs, d’interviews ou d’articles, la même promotion est faite sur les réseaux sociaux. Il est toutefois intéressant de noter que la diffusion de matchs en direct à la télévision est mentionnée comme une bonne pratique, tout comme la radio.

AMÉLIORER LA COUVERTURE MÉDIATIQUE, LA PROMOTION ET LA VISIBILITÉ DES FEMMES DANS LEURS CLUBS.

En ce qui concerne la manière d’améliorer la couverture médiatique, trois catégories de propositions ont été fréquemment mentionnées et ont été bien définies par les répondants avec des exemples, à savoir :

  • « Rehausser le profil » : les participants à l’enquête le définissent comme la nécessité de parler du football féminin sur un ton plus positif (par exemple, « intéresser les gens et attirer de plus en plus de filles ».
  • « Une plus grande circulation » : c’est-à-dire une plus grande couverture et une meilleure connaissance du football féminin (par exemple : « Que les gens apprennent davantage sur le football féminin, qu’il devienne plus visible et qu’il évolue progressivement » – Espagne).
  • « Diffusion de matches » : il s’agit de toute référence visant à aider le football féminin à toucher un public plus large par le biais de matches télévisés et/ou diffusés en continu (par exemple, « Diffusion de matches féminins, de rencontres, etc.)

Pour améliorer la promotion, des recommandations sont proposées qui se répartissent en deux grandes catégories en termes de « responsabilité individuelle des individus et des clubs » et de « responsabilité organisationnelle et structurelle ».

En ce qui concerne la « responsabilité individuelle des personnes et des clubs », quelques exemples de bonnes pratiques sont cités : Dans les cas où il y avait à la fois des équipes masculines et féminines au sein d’un club, la préférence était de rejoindre l’équipe féminine afin d’être présent sur le site web de l’équipe masculine, plutôt que de développer un site web réservé aux femmes.
Par exemple, un participant finlandais et un participant français, respectivement, ont déclaré :

« CouId être publié sur une base égale entre les équipes féminines et masculines. Quand l’équipe féminine a été créée, notre équipe a été promue partout et plus comme les hommes, parce que notre équipe était la première équipe féminine chez nous « (Finlande)

« Nous devons suivre l’exemple du HAC (Le Havre Athletic Club) ! Des femmes dans lemême bateau que les garçons. Une équipe d’hommes et une équipe de femmes, avec une communication commune. »(France)

Sur ces sites web, la promotion des joueurs individuels par le biais d’interviews avec eux et les entraîneurs, en plus de la publicité pour les matchs et de la publication des statistiques des matchs, a été signalée comme une méthode préférée pour améliorer la promotion. Un participant bulgare a commenté ce point en déclarant :

En France et en Angleterre, la nécessité de mettre régulièrement à jour le contenu des plateformes web a également été mentionnée. Pour y parvenir, la majorité a mentionné l’utilité de disposer d’un personnel dédié à la promotion du football féminin et d’un matériel en ligne régulièrement mis à jour. Un participant anglais a ainsi expliqué la bonne pratique de son club dans ce domaine : … l’attaché de presse de l’équipe masculine assiste régulièrement aux matchs
des femmes et s’intéresse de près à la progression des équipes féminines et des filles.

En ce qui concerne la « responsabilité organisationnelle et structurelle », il est mentionné par exemple : améliorer les recettes, donner la priorité au développement de la jeunesse ; l’égalité entre les hommes et les femmes, promouvoir des modèles féminins positifs, etc.

Ces différents aspects de la couverture médiatique, de la promotion ou de la visibilité des clubs varient selon que les clubs féminins sont intégrés aux clubs masculins ou qu’ils sont indépendants. L’intégration est considérée comme souhaitable, en termes de couverture médiatique et de marketing, où des éléments tels que les statistiques des matchs, la publicité des matchs et les interviews pour promouvoir les joueurs, sont considérés comme bénéfiques lorsqu’ils sont incorporés dans les pages web existantes des clubs masculins ou généraux. Mais il y a aussi des avantages à garder l’équipe féminine séparée, avec un marketing séparé parfois considéré comme bénéfique.

La recherche confirme cette double position en considérant l’intégration comme souhaitable pour renforcer le professionnalisme, la visibilité et la commercialisation du jeu féminin. (Aoki et al., 2010 ; Valenti et al., 2018) d’une part. D’autre part, il y a des avantages à garder le jeu féminin séparé. (Caudwell, 2011 ; Welford, 2018 ; Woodhouse et al., 2019). Par exemple, étant intégrée, l’équipe féminine pourrait devoir se conformer aux pouvoirs de décision de l’équipe masculine, ce qui pourrait l’obliger à en être financièrement dépendante… (Welford, 2018).

L’une des améliorations suggérées par les répondants à l’enquête est la nécessité de disposer d’un personnel dédié aux médias ou au marketing. Dans de nombreux clubs féminins, il n’y a pas toujours de personne dédiée à ce travail, de sorte que les joueuses sont obligées de prendre la responsabilité des publications et de la transmission des informations pour se promouvoir et rester visibles.

Certaines des bonnes pratiques ou améliorations proposées peuvent être utiles et/ou adaptées à différents contextes en fonction de la configuration du club et des politiques de son pays.